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kiel et tanger

cinq années de préparatifs militaires, notre monde politique, représenté par une presse anarchiste et cosmopolite, provoquait les Russes à la révolution. Toutes les puissances judiciaires de l’État étaient employées à flétrir quatre officiers sans reproche emprisonnés sur une accusation infâme dont on finit par reconnaître l’absolue vanité, car elle avait été forgée de toutes pièces au ministère de la Guerre par des criminels bien connus, mais restés impunis, et qui ont même été abondamment récompensés, parce que l’objet de leur crime avait été de satisfaire les partisans du traître Dreyfus. Entre temps, on votait une loi militaire destinée à bien disposer les électeurs : ils ne feraient plus que deux ans[1] !

En regard de ce peuple où tout se déchire, où le civil et le militaire sont ennemis, où le simple soldat fait peur au gradé, où l’officier en est réduit à fuir l’officier, où l’indiscipline politique engendre une indiscipline sociale et religieuse qui s’étend à tout et à tous, — en regard du pays où, qui plus, qui moins, tout le monde, fredonne, à son rang

… que nos balles
Sont pour nos propres généraux,

  1. « Quand les Allemands ont, en 1893, mis à l’essai le service de deux ans pour l’infanterie, ils ont eu soin d’accroître sensiblement leurs cadres de sous-officiers. Actuellement, le nombre de leurs sous-officiers dépasse 82.000, tous rengagés, du reste. Nous, nous n’en comptons que 50.000. » Pierre Baudin, L’Alerte, 1906.