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cette guerre ni des répercussions qu’elle devait avoir. Les collaborateurs de M. Loubet ne montrèrent leur sollicitude militaire, maritime et diplomatique qu’après avoir subi le contre-coup des disgrâces de leur allié. Ils procédaient comme le Barbare de Démosthène : « S’il reçoit un coup, il y porte aussitôt la main. Le frappe-t-on ailleurs ? Il y porte la main encore. Mais de parer le coup qu’on lui destine, il n’en a pas l’adresse et même il n’y pense pas[1]. » Aucune prévision n’occupa nos ministres durant les progrès japonais de 1904, Au budget pour 1905, le compte de la préparation matérielle à la guerre (constructions neuves et approvisionnements de réserves) a été réduit à 27 millions (de 100 millions en 1904), et c’était l’année même où l’Allemagne élevait le même budget de 85 à 137 millions[2]. Le général André, ministre de la Guerre, consentait ces économies qui ne coûtaient rien aux parlementaires. Au surplus, qu’on se rappelle l’histoire de France dans les trois derniers quarts de 1904 ! On saura à quoi s’occupait le Gouvernement chargé de défendre la frontière et l’honneur français.

C’est un accident, la découverte des fiches, c’est

  1. Première Philippique.
  2. Le Général Langlois, Temps du 26 février, d’après M. Klotz, député, rapporteur du budget de la Guerre. — Tandis que le fait matériel de la guerre d’Extrême-Orient n’éveillait même pas l’inquiétude de la défense nationale chez nous, l’Angleterre en utilisait rapidement les leçons et les exemples concrets. Dès le lendemain des défaites russes qui révélaient le rôle décisif des grands cuirassés, elle mettait en chantier le Dreadnought (1905).