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ches d’un ton contraire quand la même pression réglée lui en fit un devoir. On peut dire, l’histoire contemporaine à la main, que M. Delcassé n’a jamais marché contre notre vainqueur de 1870, il a marché pour l’Angleterre. Il n’a menacé l’Allemagne que lorsque l’Angleterre y eut intérêt. Delcassé-Revanche est un mythe. Sa politique fut tournée contre Berlin par Londres ; elle ne s’y est jamais orientée d’elle-même.

Un seul ministre républicain se montra aussi bon Anglais que M. Delcassé : ce fut M. Waddington, excusé par le sang qui coulait dans ses veines ; mais tel est aussi, pourrait-on dire, le sang même de ce régime, né anglais et demeuré sujet anglais[1]. En fait, l’ancien ministre de M. Loubet avait été l’élève des disciples de M. Waddington et de ses pareils.

Les Chambres sentaient et pensaient là-dessus comme M. Delcassé.

Une fois qu’ils eurent obfenu de l’Angleterre promesse de sécurité et même de progrès pour leur empire colonial, possession du Parlement et de la Finance, plutôt que propriété du pays[2], nos radicaux, qui ne croyaient pas à l’Europe armée, ne purent pas admettre qu’une tension sérieuse pût jamais résulter de simples conversations de chancellerie, Pas plus qu’ils ne se souciaient du

  1. Voir appendice XII : « Le cri de Londres : Vive Delcassé. »
  2. M. Maurice Sarraut dit très incidemment que l’intervention marocaine répondait aux préoccupations actuelles de coloniaux avides d’affaires (Humanité du 22 août 1905).