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XX

LE PLAN DELCASSÉ (suite). — LA DÉFENSE
RÉPUBLICAINE

M. Delcassé a-t-il craint de trop plaire au pays ? A-t-il craint de lui plaire jusqu’à déplaire à son parti ?

Ce parti se reconnaissait, il « se mirait » dans le ministre qui l’avait conduit à l’entente anglaise et à l’amitié italienne. Il l’approuvait de témoigner quelque froideur à l’absolutisme prussien. Mais il eût refusé d’aller plus loin dans cette direction, car, surtout en 1901, 1902, 1903, déterminer un courant d’opinion un peu vif contre la nation allemande et tendre à raviver le souvenir de nos défaites eût semblé pactiser avec le nationalisme grondant et vouloir rendre un essor dangereux au militarisme, alors que nulle guerre immédiate ne nous pressait.

Un gouvernement d’opinion ne peut jamais avoir d’attention réelle que pour ce qui le presse. Les amis de M. Delcassé se plaisaient donc à songer, comme lui, que toutes les difficultés pendantes se résoudraient en quelque vain passage d’écrits. À quoi bon déranger le peuple ? Pourquoi troubler la bonne fête anticléricale et anticatholique