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le plan delcassé

tanéité de la nation n’a point reparu, mais le gouvernement, par des moyens de gouvernement, en obtint sous nos yeux quelques simulacres ; et ces simulacres constituèrent une démonstration utile. Rien de tel tant que vous fûtes au quai d’Orsay. Rien de tel de 1898 à 1905. Ces manifestations vous auraient servi. Elles vous auraient aidé puissamment. S’il ne s’agissait que de feintes, pourquoi n’avoir pas fait signe à toute la France de feindre avec vous ? Elle eût compris à demi-mot. Les cachoteries de M. Hanotaux se concevaient par l’impopulaïité fatale de son projet. Votre mystère à vous ne comporte pas cette explication. Conforme à une pente longtemps suivie, à l’habitude, à la tradition, aux anciens sentiments, à des intérêts éternels, votre politique étrangère non seulement pouvait devenir populaire en France, mais elle était la seule qui possédât cette vertu. Et vous y avez renoncé !

À la rigueur, un ministre de monarchie, qui n’eût été ni un Cavour, ni un Bismarck, ni un Richelieu, se fût embarrassé d’une répugrance de protocole ; il lui aurait déplu d’associer « le peuple » à sa politique étrangère. Mais nos textes constitutionnels assuraient expressément M. Delcassé qu’il vivait sous une République démocratique et parlementaire. La plus stricte légalité du régime se trouvait, par miracle, en accord complet avec l’intérêt du patriotisme en sommeil et de la patrie en danger. Le ministère Hanotaux pouvait se prévaloir de la nécessité de faire le bien sans le dire :