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kiel et tanger

concordat. Les faits sont accomplis ; revêtons-les d’un acquiescement régulier, et tout aussitôt, nous recevrons en échange nos laissez-passer, nos licences pour d’autres efforts. Bismarck nous avait dit : « Prenez la Tunisie, prenez l’Indo-Chine. » Édouard VII peut nous dire : « Prenez le Maroc », le Maroc étant d’une nécessité immédiate pour laquelle tous nos syndicats sont debout et dont ils ne feront point grâce au gouvernement qu’ils soutiennent…

Tel fut le germe de ce qu’on peut appeler le plan Delcassé. Sans doute ce plan apparaît plus grave et plus ample quand on le considère dans les calculs d’un roi anglais qui nous veut pour son soldat sur le continent, ou dans les inquiétudes d’un empereur allemand qui, nous ayant souhaités pour seconds sur la mer, nous voit enfin passer au service de l’ennemi. Sans doute aussi, et plus encore que les volontés des rois étrangers, plus que l’insouciance et l’inattention de notre ministre, l’esprit de la situation, le génie des circonstances envisagées nous faisaient courir un risque sérieux. Ce plan nouveau, s’il ne prévoyait pas le conflit avec l’Allemagne, aurait pourtant dû le prévoir : l’Angleterre souhaite ce conflit et l’espère, elle l’escompte même avant l’exécution du programme naval qui doit mettre si haut l’outillage maritime allemand. Mais ces effets prévus ou imprévus du plan Delcassé y sont pleinement étrangers. En lui-même, tel qu’il se formula et se réalisa, ce plan est beaucoup plus simple. Il pose sur une idée nette : Nous