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l’avait même remplacé par des traits de jactance à l’adresse de l’Angleterre : la République radicale réintégra les traditions du vieux parti. Elle restaura les vieux sentiments de subordination à la sagesse anglaise, tant admirée de Voltaire, de Rousseau et de Montesquieu, élément d’humilité assez dangereux, sorte de trahison inconsciente mais formelle, qui est gravée au cœur de ses dirigeants.

Sur toute chose ils élevèrent le bonheur et l’honneur d’une association avec les « nations libérales », c’est-à-dire avec l’Angleterre d’abord, et cette entente fut considérée comme un bien trop urgent pour être différée jusqu’à l’acquisition d’une forte situation militaire continentale qui nous eût permis de causer d’égal à égal avec notre associée. Certes, on ne put traiter tout de suite, sous peine de blesser l’opinion encore meurtrie des menaces de Fachoda. Mais on organisa de doctes campagnes de presse. Le « tsarisme » et le gouvernement du « Kaiser » furent rétablis dans leur ancienne dignité d’épouvantail pour électeurs. On vanta l’avantage humanitaire d’un accord entre les États doués de l’inestimable trésor d’un Parlement, les races privilégiées, les peuples élus. L’opinion radicale insista sur la hiérarchie spirituelle des constitutions politiques. Les unes font le salut des peuples, et les autres suffisent à consommer leur damnation « Venez mes brebis ! Allez, mes boucs. » Un ordre du jour du Grand-Orient de France