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l’amitié italienne

en France se reconnaît à ce fait que tous deux se dévouent à leur pays sous une condition quasiment religieuse. On ne saurait trop rappeler l’excellente définition de ce patriotisme conditionnel donnée par M. Ranc, quand en 1898 il assurait qu’il lui était agréable d’entendre crier à l’étranger[1] : « Vive ia France », « mais » « la France de la Révolution ». Quand on est pour « la France mais », et quand, par surcroît, l’on connaît que ce « mais » révolutionnaire, axiome mystique antérieur et supérieur au patriotisme, est inspiré des révolutions qui agitèrent anciennement l’Angleterre, on est aussi tenté de placer le berceau de ces principes immortels au-dessus du berceau de notre chair périssable. Avant de calculer l’intérêt de la France, le parlementaire de vocation le subordonne à l’intérêt de la Liberté dans le monde, telle qu’on l’invoque, suppose-t-il, dans la Mère des Parlements.

Dès lors, quand il est franc, quand il est administré par une équipe radicale bien pénétrée du libéralisme confessionnel, le régime républicain enferme quelque chose de profondément et de passionnément étranger, une arrière-pensée qui nous abaisse en particulier devant les Anglais, qui les préfère à nous et qui nous subordonne à eux, un sentiment qui, s’il le fallait, nous sacrifierait à leur avantage. La République conservatrice de 1895 avait oublié cet esprit et

  1. Il faisait le récit d’un voyage en Belgique.