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kiel et tanger

lisme, c’est ce qu’il est un peu trop facile de voir. Aristocrate, traditionnelle, profondément gouvernementale par sa constitution de la propriété, par le recrutement de son armée de mer, par ses mœurs générales, sa cruelle et pure justice, son régime pénitentiaire et fiscal ; aussi antidémocrate qu’il est possible ; dévouée depuis deux siècles à la religion de la raison d’État ; royaliste au surplus et résolument fidèle à sa dynastie ; inconnue et fermée au reste du monde, mais se développant, pénétrant et tyrannisant en tout lieu, l’Angleterre contemporaine, celle qui est forte, non l’Angleterre prédicante et biblomane du xviie siècle (qui peut reparaître au XXe, mais à la condition de tout compromettre et de tout gâcher de ce qui la fit prospère et puissante), cette Angleterre doit être jugée à peu près aussi libérale que put l’être Carthage dans l’antiquité ou Venise moderne. Elle n’est la patrie de la Liberté qu’en un sens : l’admiration ou le pastiche de ses institutions les plus inimitables a servi à faire quantité de révolutions et d’émeutes sur le continent. Tel a été le rôle bien anglais des idées « anglaises ». Un rôle utile à l’Angleterre qui, dans l’isolement splendide qu’elle devait à la nature, a dû à cette politique une paix profonde. Les idées anglaises ont causé, en particulier, l’abaissement de la France ; mais, comme elles ont fait la fortune du parti libéral et des républicains, ces derniers ont toujours penché pour l’Angleterre.

L’essence commune du libéral et du radical