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l’amitié italienne

avait le plus pressant besoin. Elle les obtint même parfois à nos dépens. Lyon fut atteint dans ses soieries, ainsi que le Comtat, la Drôme ét l’Ardèche ; le Languedoc souffrit dans ses vins. Les ministres français se montrèrent à cette époque si accommodants sur nos intérêts régionaux que le roi d’Angleterre dut en conclure qu’ils ne pourraient pas se montrer beaucoup plus difficiles sur un intérêt national. Il pria son rabatteur romain de nous acheminer vers lui. Le traité d’arbitrage permanent signé entre Paris et Rome fut suivi d’un accord secret laissant à l’Italie les mains libres en Tripolitaine et en Albanie, mais nous abandonnant toute initiative au Maroc. Les critiques attentifs font remarquer avec beaucoup de raison que l’Italie, amie et cliente de l’Angleterre, ne nous aurait jamais laissé le Maroc ouvert sans l’aveu du cabinet de Londres. Le nom de Maroc, ainsi prononcé de longs mois avant tout accord franco-anglais, prouve que l’Angleterre combinait déjà ses arrangements avec nous, l’Italie étant la courtière.

Celle-ci était également secondée, comme l’avait calculé la diplomatie d’Édouard VII, par le concours diffus mais constant que lui apportaient les erreurs des libéraux et des radicaux français sur la nature du gouvernement de l’Angleterre. Le plus whig des Anglais ne saurait penser sans sourire à l’imagination que nos pères s’étaient formée à ce propos et qui subsiste dans tous les lieux où domine l’ignorantisme républicain.

Que le libéralisme anglais ne soit point un libéra-