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militaires de cette époque. L’ambassade italienne fut le quartier général de M. Reinach. Là, fut conspiré le départ du cabinet Méline. Là, dit-on même, fut inventé, désigné et choisi M. Delcassé. C’est la que M. Trarieux, chargé des criminelles confidences d’un président de chambre à la Cour de cassation, M. Lœw, vint murmurer à l’oreille de l’ennemi les secrets de notre service de contre-espionnage[1]. M. Reinach servait l’État juif, l’ambassadeur d’Italie servait le roi, son maître, qui rendait service à son cousin le roi d’Angleterre, et M. Delcassé n’avait qu’à se laisser aller à la suggestion de ces deux puissances étrangères qui, en somme, n’en faisaient qu’une. Il est allé de leur côté aussi loin que possible, jusqu’au crime de faux et d’usage de faux. Le commandant Cuignet l’a surabondamment démontré[2].

Mais le comte Tornielli ne négligeaït pas son pays pour ses alliés, et, s’il est vrai que le cabinet Waldeck-Rousseau fut en partie constitué par l’Italie, l’ambassadeur ne laissa pas oublier ce service[3]. L’Italie obtint tous les accords commerciaux dont l’impécuniosité qui lui est naturelle

  1. Il faut lire quelques détails de cette intrigue, encore bien imparfaitement connue, dans le livre remarquable cité plus haut qu’ont publié le jeune député nationaliste Henri Ferrette et notre confrère Denis Guibert, sur le Conflit franco-allemand en 1905 (Paris, Albin Michel). Sans être toujours de l’avis des auteurs, je leur ai fait différents emprunts pour ce chapitre et les deux suivants.
  2. Voir Précis de l’Affaire Dreyfus, par Henri Dutrait-Crozon.
  3. Voir l’appendice VII, Le comte Tornielli.