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l’amitié italienne

gouvernement pense à autre chose : pratique et réaliste quand il s’agit de leur personne ou de leur parti, la politique générale des radicaux ne s’est jamais inspirée de l’examen des grands intérêts du pays : elle suit des idées, « idées » flottantes, souvent fausses en elles-mêmes et presque toujours contraires à notre bien.

Jadis, le monde officiel italien, le Quirinal lui-même, avait profité de l’entremise des « Nuées » républicaines pour rendre un service considérable au gouvernement de la reine Victoria en aidant l’Angleterre à constituer chez nous ce parti de Dreyfus, qui mit en échec la politique de M. Hanotaux sur le Nil. Non seulement, dans le monde de la cour et les salons romains les demoiselles Amari approvisionnaient M. Gabriel Monod de leurs renseignements sur les troupes de couverture et le canon de 120, mais, à Paris même, l’ambassadeur[1], précédemment titulaire du poste de Londres, était mêlé à toutes les intrigues anti-

  1. Le comte Tornielli et la comtesse, née Rostopschine, ne passaient pas pour des amis très chauds de la France avant de se fixer à Paris. Lors de sa nomination, en janvier 1895, on rappela le toast porté deux ans auparavant, à Londres, par le comte Tornielli, à l’occasion d’une visite de l’escadre anglaise à la Spezzia. « Nous autres Italiens », avait-il déclaré, en faisant une allusion plus que transparente aux grandes fêtes données à Toulon en l’honneur de l’escadre russe, « nous n’avons jamais éprouvé le besoin de mettre la maison sens dessus dessous pour recevoir nos amis. » Le propos discourtois et désobligeant de 1893 fut récompensé par l’accueil enthousiaste de tout ce que la société parisienne pouvait compter d’étrangers, de juifs, de protestants, et, par conséquent, de hauts personnages républicains,