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lations réserves, ce beau et froid calcul dissimulé sous un sourire qui s’adresse au vaste univers a vraiment fait de Rome « amie de tout le monde » un des grands pivots de l’Europe. C’est à Rome qu’il faut aller si l’on tient à traiter de divorce ou

    lations de M. Hansen éclairent l’histoire diplomatique de la Triple-Alliance.

    Constituée le 20 mai 1882, la Triple-Alliance a été renouvelée en 1887, en 1892, en 1897 et en 1902. Or, le dernier texte comporte une nouveauté remarquable, si l’on en croit M. Hansen : « Dans le traité tel qu’il était avant 1902, il y avait une clause ou mieux une réserve verbale ou écrite faite par le Cabinet italien et d’après laquelle, en aucun cas, la Triple-Alliance n’aurait pu obliger l’Italie à entrer en ligne contre l’Angleterre. Dans le renouvellement de 1902, M. Prinetti a oublié de renouveler la réserve contre l’Angleterre. »

    L’oubli peut s’expliquer de diverses façons. Il est cependant très intéressant de constater qu’à l’heure ancienne où l’antagonisme maritime et colonial de la France et de l’Angleterre pouvait rallier l’Europe centrale à la cause française, l’Italie avait soin d’établir, par une stipulation formelle, la pérennité de sa vieïlle amitié anglaise. Avec le ministère Delcassé, les choses peu à peu commencent à changer d’aspect ; l’entente franco-anglaise se dessine ; l’accord ne sera signé qu’en 1904, mais des efforts bien connus à Rome travaillent à le préparer. On peut dire que l’affaire est en chantier dès 1898. L’Italie elle-même va contribuer à la réaliser. Elle en profite d’ailleurs, et beaucoup. Seulement, elle prend ses assurances, ou plutôt, elle modifie ses précautions d’autrefois. Avant 1902, il était entendu que rien ne pourrait l’obliger à se détacher de l’Angleterre. Cette année-là, elle ne contracte aucune obligation nouvelle ; mais elle oublie soigneusement de faire mention de l’ancien scrupule. Elle se sent libre de violer l’amitié du grand peuple son bienfaiteur, parce qu’il va se lier d’amitié avec nous… On a beaucoup remarqué, dans le même ordre d’idées, aux funérailles d’Édouard VII l’absence du roi d’Italie, qui s’était contenté de déléguer