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le pouvoir du roi d’angleterre

jamais formé quelque plan de campagne de cette force, quand on étendait nos colonies sans mesure. Comme c’est le seul plan concevable en dehors d’un effort maritime long et coûteux que personne n’a voulu commencer par le seul commencement naturel (par le roi), il faut bien avouer qu’on a beaucoup acquis sans prévoir qu’il faudrait monter la garde devant nos acquisitions : chaque progrès au-delà des mers n’aura donc eu pour résultat que de fournir de nouveaux gages à la maîtresse de la mer, des gages de plus en plus riches, de façon à nous mettre de plus en plus à sa merci.

Le pouvoir du roi d’Angleterre en pays de France s’étant accru à proportion de nos accroissements loin de France, ces territoires exotiques forment son gage matériel ; toute la politique anglaise se résumera donc quelque jour dans l’alternative qu’un enfant de sept ans comprendrait sans difficulté : — Vous ferez notre bon plaisir, ou nous prendrons votre empire colonial. Et on nous le prendra effectivement pour peu que nous tentions de faire les méchants ; mais il est très possible que nous soyons très sages et que nos colonies nous soient enlevées tout de même.

Naturellement on s’est appliqué à nous conduire d’abord au bout de l’extrême sagesse afin d’en avoir tout le fruit.