Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/252

Cette page n’a pas encore été corrigée
130
kiel et tanger

jusque sur nos propres sujets : ainsi s’emparait-elle de la totalité de l’Égypte et inondait-elle de sa propagande biblique, non seulement Madagascar, mais l’Algérie. En nous laissant agrandir, presque à notre souhait, nos propres territoires, elle se disait que ces acquisitions sans mesure resteraient plus où moins idéales tant qu’elle conservait le moyen de nous en séparer à volonté et de les fréquenter elle-même de près. La seule précaution qu’elle prit aux jours de partage et de délimitation fut de s’approprier les meilleures parts, les territoires d’un rapport immédiat, en nous laissant la charge de défricher, d’engraisser et de mettre en valeur les autres. « Le coq gaulois aime à gratter le sable », disait lord Salisbury. On se fiait à notre industrie, à notre génie et à notre goût pour faire jaillir du désert insalubre les fontaines et les jardins. La méthode avait l’avantage de nous obliger à dépenser notre argent et nos peines pour aménager le pays, instruire et encadrer les hommes. Ces importantes mises de fonds, incorporées à la contrée et à la race, ne seront pas perdues pour nos héritiers présomptifs. Éternel et classique exemple : ce que nous avons fait en Égypte et le parti qu’en tire l’Anglais.

Depuis vingt ans que s’y appliquent nos trésors, une partie des territoires coloniaux est renouvelée. Ils ont pris figure française. Le pire est devenu le meilleur par notre art. Nos soldats, nos missionnaires, nos administrateurs, nos colons mêmes, tant en Extrême-Orient que sur divers