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le pouvoir du roi d’angleterre

nistre, un amiral ou un député, particulièrement doué du sens de l’évidence, faisait remarquer que, entre Diégo-Suarez et Marseille ou Dakar et Bordeaux, il y avait de l’eau ; cela étant, il n’était peut-être pas superflu d’avoir des bateaux garnis de canons pour la traversée. On convenait que notre matériel de mer n’a jamais eu le nombre suffisant ni la qualité convenable, car il correspondait aux nécessités de la défense métropolitaine et de quelques petites colonies de plaisance, comme nous en avons aux Antilles et dans l’Hindoustan. Un vaste empire voulait être défendu autrement. Le nôtre est un empire ouvert, démuni et sans résistance, richesse offerte aux cupidités du plus fort. Nos explorateurs et nos trafiquants nous auront fait exécuter dix fois le geste de prendre : personne n’a songé à nous organiser en vue de retenir. Nos actions d’Asie et d’Afrique, toutes déterminées par des affaires financières, demeurent donc naturellement exposées à finir comme de très mauvaises affaires.

Pour expliquer un tel procédé, l’inconscience de la République, son absence de mémoire et de prévision doit entrer en ligne de compte : aucun régime, si médiocre ou si nonchalant qu’on veuille le supposer, n’eût conçu ni même supporté, en les connaissant, ces incohérences. Il faudrait reculer les frontières de l’ineptie pour imaginer le gouvernement qui se dirait : « Partons coloniser sans nous assurer d’une flotte ! » Un petit État sûr de sa neutralité, la Belgique, ne l’a pas osé,