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le précédent nous engageait

d’amitié française : l’agitation dreyfusienne imaginée, subventionnée par l’Angleterre afin de riposter aux machinations coloniales et à la politique russo-allemande de la République conservatrice, avait d’abord contrarié Guillaume II dans sa diplomatie ; mais ce qu’il perdait d’une sorte se compensait d’une autre, et, si l’opinion française lui était aliénée par cet incident, de merveilleux avantages de fait lui étaient acquis sans combat : notre armée décapitée de ses chefs respectés, Hervé, Jamont, Boisdeffre, notre Service des renseignements supprimé [1], nos régiments démoralisés, notre population civile rejetée aux plus basses

  1. D’après un grand capitaine, le Service des renseignements est comme l’œil et l’oreille d’une armée. Le colonel Sandher et le colonel Henry avaient élevé cet organe à un brillant degré d’activité et de force. Les débats publics des procès engendrés de l’affaire Dreyfus ont commencé par diffamer ce service et, finalement, ils l’ont fait regretter. Le procès des quatre officiers (octobre-novembre 1904) laissa entrevoir la hardiesse de certaines entreprises préparées par les officiers qui travaillaient sans bruit à la Section de Statistique : Henry, notamment, avait mis sur pied une compagnie de pétardiers alsaciens qui auraient entravé la mobilisation allemande. Quelques mois après la révélation de ce fait, au moment de l’alerte de Tanger, un de nos confrères républicains, M. Latapie, écrivait dans sa brochure Sommes-nous prêts ? (juillet 1905) :

    « Nous aussi, nous avons, à un moment, réussi à organiser un service d’espionnage en Alsace, sur les chemins de fer. J’ai serré la main, à Nancy, d’un brave homme qui a collaboré à cette organisation. Ils étaient plus de cent Alsaciens, paraît-il, qui avaient accepté, pour le jour de la mobilisation, une besogne concertée qui devait apporter un trouble momentané dans les services des chemins de