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kiel et tanger

désignée. Mêmes éléments : Russie, Italie, France. Rôles à peu près semblables : la Russie immobile, l’Italie indécise jusqu’au dernier moment et la France, mais combattant sur terre et non plus sur mer, comme dans le projet Hanotaux. Guillaume avait offert le Nil à M. Hanotaux. Édouard offrirait à M. Delcassé le Maroc pour l’instant, et dans l’avenir une berge du Rhin. Les princes de l’Europe sont bien maîtres de nous prodiguer tout ce qu’ils n’ont pas ! « Nous distribuons des réalités, nous récoltons des promesses », a fort bien remarqué M. Hanotaux[1].

La guerre du Transvaal s’acheva sans encombre après la mort de la reine. Il fallut le temps de circonvenir M. Delcassé et M. Loubet, de libeller un certain nombre de petites invitations dont chacune portait le même sens : « Vous disiez ceci à l’Allemagne ; pourquoi ne pas le dire à nous ?… » Le Gouvernement français écoutait ce langage avec attention. Il donnait même de grands signes de faveur, mais les circonstances n’étaient pas unanimement favorables.

Si les menues querelles entre la France et l’Angleterre avaient à peu près cessé depuis Fachoda, et si l’amitié franco-russe se refroidissait peu à peu, l’affaire Dreyfus avait créé une atmosphère toute spéciale entre la France officielle et Guillaume II. Cette affaire avait surpris l’empereur allemand, comme il était au fort d’un travail

  1. Préface de Politique extérieure par René Millet.