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préface de la deuxième édition

cassé à M. André Mévil. Le public d’élite qui voulut bien s’intéresser à nos analyses de la Gazette de France et de l’Action française nous invitait à suivre l’usage et à porter nos articles chez le libraire.

Mais, justement parce que je m’étais appliqué à pousser jusqu’au fond des choses, je n’étais pas arrivé à ma conclusion générale sans le frémissement d’une forte inquiétude. Si certain que parût l’aphorisme de M. Anatole France sur l’impossibilité d’une politique extérieure en démocratie, quelque fortement corroborée que fût dans son détail cette généralité souveraine, que peut sanctionner la raison avant les épreuves du fait, j’espérais, j’attendais que la succession des affaires apportât, malgré tout, un léger démenti de hasard à cette dure nécessité idéale, et, véritablement, je n’osais consentir à croire que pareille loi pût s’appliquer inflexiblement, sans une ombre, sans un retard ni une nuance, à la série complète de tous les cas. La défiance des idées m’était surtout soufflée par la foi dans le ressort intérieur de la France. Il me fallait douter encore et voir les choses de plus près avant de servir au pays, à la dose massive d’un traité, d’un volume, une si amère leçon !

J’attendis. Mais bien loin que la suite des choses imposât des adoucissements où des réductions, elle ne cessait d’assombrir le tracé éventuel de la carte de nos malheurs. Aux divulgations scandaleuses osées dès octobre 1905 par M. Delcassé, qui sortait à peine de charge, s’ajouta bientôt cet