depuis qu’elle venait de modifier ses idées sur elle-même autant que ses intentions sur nous.
En effet, la concurrence maritime de l’empire allemand avait attristé les derniers jours de la reine Victoria. Avant Fachoda, peut-être encore lors de la guerre du Transvaal, l’attitude du continent l’avait inquiétée. Tremblait-elle pour sa victoire ? Elle tremblait du moins pour la splendide paix anglaise, cette longue absence de guerre européenne, qui, à peu près ininterrompue depuis Waterloo, fournit la principale explication de la grandeur du Royaume-Uni au xixe siècle.
D’autre part, toute frémissante de la facilité avec laquelle nous avions cédé à la pression russe,
prince de Bismarck, qui a été battu en brèche ainsi de tous les côtés à la fois et qui, depuis, jette feu et flamme contre l’Angleterre. » (Journal diplomatique intime et inédit du général Le Flô.) Voir aussi dans les Débats du 6 juillet 1905 un article de M. Henri Welschinger.
On remarquera que la politique étrangère du gouvernement du Maréchal ressemble — matériellement — à celle de M. Delcassé. Mais, comme elle s’inspirait des directions, des habitudes et des traditions de la Monarchie, comme elle était exécutée par un personnel monarchique, elle n’eut à souffrir que de l’instabilité de la République dans la durée : l’incohérence propre aux actes simultanés de services républicains en était absente ; les Affaires étrangères et la Guerre y marchaient ensemble et d’accord. Bismarck était devenu menaçant, parce que notre armée se réorganisait trop vite. Les menaces de Guillaume II sont nées, tout au contraire, de ce que notre armée était périodiquement affaiblie par notre gouvernement. Les deux politiques de 1875 et de 1905 ne présentent qu’une analogie de surfaces, elles sont contraires au fond.