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le précédent nous engageait

ser l’amitié que nous offrait, par-dessus la Manche, quelqu’un qui ne nous avait rien pris, du moins rien de bien net, depuis fort longtemps ? Fachoda n’était que le malentendu de deux troupes. Quant à l’Égypte, étions-nous certains de l’avoir jamais possédée ? Et, si faibles que fussent les sophismes anglais sur ce dernier point, il n’en restait pas moins assuré que le véritable avenir français est sur le continent. La tradition et l’intérêt sont pour nous d’avancer vers le Rhin, sur la Germanie. L’Angleterre se prévalait de tous avoir soutenus à cet égard. En 1875, elle s’était jointe à l’empereur Alexandre et à Gortchakov pour arrêter M. de Bismarck[1]. Elle ne nous avait demandé jus-

  1. Cette intervention ne peut faire de doute, depuis que le comte de la Barre de Nanteuil, gendre du général Le Flô, qui était alors ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg, a communiqué à notre confrère, M. François de Nion, son parent, deux dépêches inédites adressées de Russie en France.

    Voici ce que notre ambassadeurs à Saint-Pétersbourg écrivait, à la date du 10 mai 1875 :

    « Lord Loftus — l’ambassadeur d’Angleterre en Russie — a reçu, hier soir, communication d’instructions envoyées par lord Derby à tous les ambassadeurs de Russie, d’Autriche et d’Italie, pour qu’ils provoquent de la part de ces diverses cours des démarches communes et immédiates à Berlin, dans l’intérêt de la paix. En d’autres termes, lord Derby, ayant été informé des dispositions résolument pacifiques de l’empereur Alexandre, a chargé ses agents près l’empereur d’Autriche et le roi d’Italie de leur demander d’appuyer sur-le-champ les démarches d’Alexandre II. »

    Douze jours plus tard, le 20 mai, le général Le Flô note de nouveau :

    « L’intervention de l’Anglèterre a été plus ferme et plus catégorique encore qu’on ne l’aurait cru, Elle a produit