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le réalisme universel

escadres puissent tomber, nos colonies, nos ports, même mal outillés, restent capables de servir.

Tel est le sommaire des ambitions réelles braquées par les grands États civilisés sur les pleins et les vides de la carte du monde. Elles permettent de mieux comprendre ce qui vient au-devant de nous depuis Fachoda. Ce que M. Delcassé se donnait pour de simples jeux de protocole, ou des tours de valse, ces formalités de papier étaient prises à Berlin de tout autre manière. Les cabinets avec lesquels M. Delcassé folâtrait, Londres, Rome, étaient d’ailleurs, à cet égard, du même avis que ceux contre lesquels il faisait tournoyer son chœur de chimères. Tout le monde pensait qu’il mettait quelque chose sous les démonstrations. Il n’y avait jamais songé, pas plus que le très petit nombre des Français au courant des choses ! Tandis que nous croyions piétiner et danser sur place, nos partenaires avançaient ; ils devaient donc nous faire avancer avec eux.


    lendemain de notre défaite sur terre. Encore, cette dernière éventualité est-elle sans doute imaginée tout différemment à Berlin : on y suppute une invasion si foudroyante, des succès si rapides et si décisifs, qu’ils devanceraient de beaucoup le mouvement de nos flottes et seraient tels enfin que Ja paix fût immédiatement implorée par quelque lâche gouvernement de Paris. Les conditions de cette paix procureraient tout aussitôt à l’Allemagne quelques-uns des éléments qui lui font encore défaut pour cette domination de la mer qui lui est également imposée par sa population, son commerce et son industrie.