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la diplomatie spéculative

ses adversaires : polémistes, théoriciens, personnages mal réputés

Une discussion sur les Affaires étrangères est encore regardée au Palais-Bourbon comme un tournoi d’académiciens, volant très haut dans les nuées et sans rapport avec les affaires proprement dites. De là un grand détachement, beaucoup d’aveugle confiance, de la résignation et du scepticisme. Si le Gouvernement se croyait à l’abri des réalités extérieures, l’opposition se sentait aussi loin que possible du moyen et du moment de le contrôler.

Pour faire voir les choses réelles, par exemple pour établir que M. Delcassé avait abandonné à l’Angleterre un bien que nous possédions, en échange de biens que l’Angleterre ne pouvait nous donner, car elle ne les possédait pas, il fallut autre chose que des preuves écrites ou articulées : il fallut l’acte qui devait se produire à Tanger en mars 1905. Or, cet acte, le Vieux Parti républicain vivait persuadé qu’il n’était pas dans la nature des choses que Guillaume II ni personne en eût seulement le plus vague projet. L’acte, c’était la guerre, la menace de guerre : donc l’impossible pur, toute partie africaine engagée entre grands États devant être purement parlementaire et tenue par des diplomates autour du tapis vert. Tout se passerait en discours ; la paix du monde ne pouvait être troublée.

Ce préjugé de paix perpétuelle était consolidé en outre par cette garantie russe qui parlait sur-