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kiel et tanger

recevait, et, semblait-il, avec une équivalence parfaite. Ce semblant suffisait pour éloigner l’idée fâcheuse de vainqueurs et de vaincus ou de gagnants et d’évincés. Comme il s’agit de territoires à exploiter ou bien à cesser d’exploiter, où l’essentiel dépend de la mise en valeur industrielle et commerciale, un arrangement, quel qu’il soit, vaut toujours mieux qu’un litige armé et, plutôt que de perdre du temps à épiloguer sur la justice du partage, le plus simple est de se mettre au travail le plus tôt possible pour tirer des terres ou des eaux le maximum de leur produit. En matière coloniale, il y a toujours avantage à commencer par cultiver en paix son jardin. La méthode guerrière étant la plus coûteuse, les gens pratiques substituent au conflit des colons l’émulation des concurrents.

Cette diplomatie courante risquait-elle de ne pas convaincre les orateurs de l’opposition ? Le vrai pouvoir n’en était pas embarrassé. Eh ! qu’à cela ne tienne ! L’opposition discuterait ? Les débats promettaient de longues saisons de répit au Gouvernement : techniques, ils ne passionneraient que les gens compétents ; si l’on sortait de ce domaine, si l’on allait jusqu’à la véhémence ou jusqu’à l’injure, les haussements d’épaules en feraient justice, car jamais lecteur ni auditeur de bon sens ne concevrait qu’un gouvernement, établi, jouissant du prestige qui naît de la détention et de l’exercice de l’autorité, eût commis les légèretés ou les extravagances que lui imputeraient