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pourquoi loubet fut magnifique

Tel était le secret de ce petit vieillard rusé et circonspect. Il a vécu en butte à l’obsession de la pompe de Félix Faure. L’accueil de la gare Saint-Lazare, la conduite d’Auteuil, l’ayant d’autant plus affamé de cérémonial, de prestige, de tous les signes perceptibles de sa dignité, il ne rêvait que protocole, galas et carrousels, chapelets du pape et ordres de rois. Et plus sa politique l’enfonça dans la honte, plus il sentit l’obligation de courir les honneurs d’emprunt et d’aller se frotter à toutes les autorités respectables de l’univers.

Ses désavantages extérieurs furent un aiguillon. « L’autre » était beau garçon. Le successeur, de stature modeste, de démarche timide et d’aspect chétif, désire pouvoir faire confesser aux Français que ces inégalités sont de peu et qu’il est en état d’obtenir autant, sinon plus, que le plus fastueux des commis voyageurs de la République. Faure avait la Russie : Loubet eut la Russie. Mais Faure n’a pas eu l’Angleterre, ni l’Espagne, ni l’Italie, M. Loubet reçut tout ce monde à dîner : « Vous voyez bien ! » Le public ayant pris, sous la présidence de « l’autre », des habitudes de sociabilité extra-républicaine, fut prié d’avouer que la République radicale n’avait perdu aucune des belles relations acquises en Europe par la République conservatrice[1].

  1. Ces lignes étaient publiées dès septembre 1905. M. Adolphe Brisson, dans la Nouvelle Presse libre de Vienne, vient d’en confirmer le sens par une extraordinaire conversation avec le retraité de la rue Dante, Elle dévoile fout