Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/208

Cette page n’a pas encore été corrigée
86
kiel et tanger

se transforma. Il changea sa diplomatie, ou plutôt il respecta tous les changements que l’on y avait introduits pendant qu’il était exclu du pouvoir. Lui qui avait évité, avec un soin extrême, tout engagement à terme lointain, lui dont le système avait été de vivre sans système, le plan, de n’avoir aucun plan, fort et fier de la vieille devise : « Point d’affaires », il soutint et approuva chez son président Loubet les infidélités à la circonspection de Jules Grévy et de Sadi-Garnot. Quand nous paraissions tendre à un régime de république suisse, esprit radical et très petit bourgeois, anticlérical, protestant, on évitait manifestement de nous ramener de même au régime de neutralité extérieure qui permet à la Suisse le plus grand nombre de ses expériences sociales à l’intérieur.

En principe, ignorer l’Europe et en être ignoré assure, jusqu’à un certain point, contre les périls du dehors. Un État s’expose toujours dès qu’il prend des initiatives précises dont l’étranger peut s’emparer. Les républicains de la vieille école s’appliquaient à ne jamais commettre de ces péchés d’action. On peut se demander s’il était permis de nourrir une autre ambition en 1899 et si la peur des coups était moins naturelle ou moins raisonnable alors qu’en 1879 par exemple ? L’armée et la marine ayant été mêlées à la politique et diminuées d’autant il tombait sous le sens que la méthodique abstention primitive redevenait plus que jamais le bon parti. Comme l’a dit spirituellement M. Denys Cochin, la politique de Dreyfus prati-