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kiel et tanger

évidemment antianglaise, nous n’avions négligé qu’un élément : nos forces de mer. Nous n’étions dépourvus que d’un organe, et c’était précisément du seul organe utile, l’unique organe de défense et d’attaque contre l’Anglais. Notre armée de terre était encore bonne, mais ne servait pas à grand’chose ici. Une protection sérieuse du littoral métropolitain et colonial, sur la mer, des escadres, à terre, des ports en état, c’était aujourd’hui l’indispensable, et cela manquait. Le Cabinet Brisson-Cavaignac-Lockroy eut la charge d’improviser ce qui aurait dû être préparé à loisir dans les années antérieures et ce qui n’y avait même pas été commencé.

La présidence de la République était occupée par un ancien armateur havrais, ancien ministre de la Marine, à qui l’importance de la mer ne pouvait vraisemblablement échapper. Elle ne pouvait échapper non plus à son ministre des Affaires étrangères.

M. Gabriel Hanotaux s’était appliqué à consolider notre situation en Tunisie, en nous déliant de traités antérieurs : à quoi bon, si le passage de la Méditerranée n’était pas assuré par une flotte suffisante ? La grande île de Madagascar avait été proclamée colonie française le 20 juin 1896 : à quoi bon si, de Madagascar à Marseille, une force étrangère restait facilement maîtresse d’arrêter nos communications ?

Tous ces actes publics devaient nous obliger à veiller sur l’armée navale. À plus forte raison,