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kiel et tanger

ger nous avait fait perdre dans l’affaire Dreyfus :

Pour faire front à tant de périls, il faudrait une France une, non pas seulement au point de vue administratif, mais d’intelligence et de cœur. Il faudrait qu’aucun Français n’eût rien de plus cher que la grandeur et la sécurité de la France.

En sommes-nous là ?

Il faudrait un gouvernement qui n’eût d’autre pensée que celle de notre salut, une armée très forte, une diplomatie attentive et souple.

Or, depuis deux ans, quel est celui de nos ministres de la Guerre qui a pu dévouer tout son temps et toute son intelligence à la préparation de la Défense nationale ? Pour chacun d’eux, qu’on fasse le compte des heures qu’il a pu consacrer à cette tâche et de celles que lui ont gaspillées d’autres préoccupations, d’autres dossiers.

L’un d’eux[1], et non des moins dignes de cette haute fonction, était obligé de répondre à une interpellation sur nos ouvrages de défense : « Je suis ministre depuis huit jours ; j’ai dû en employer sept à l’examen de… ce que vous savez. »

Faites ce même compte pour les présidents du Conseil, les ministres de la Marine. Faites-le pour le ministre des Affaires étrangères lui-même.

Faites-le pour le Conseil des ministres ; demandez-vous pendant combien de minutes, dans une séance de deux ou trois heures, les hommes chargés de la défense nationale ont pu retenir sur cet objet l’attention de leurs collègues.


    12 juillet 1906 par la Cour de Cassation, qu’à la suîte d’une enquête frauduleuse et de débats scandaleux couronnés par la violation et la falsification de l’article 445 du Code d’instruction criminelle.

  1. M. de Freycinet.