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ouvert le pouvoir à des scélérats, mais, sous Faure, sous Méline et sous Hanotaux, il avait perverti des hommes d’esprit, de talent ou d’intelligence en leur enlevant la raison.

Marchand a-t-il dressé la concordance de ses actes avec les actes de la vie intérieure de la Métropole ? La double série serait admirable à poser en regard sur des colonnes parallèles. On peut admettre, provisoirement, que, de juillet 1896 à novembre 1897, MM. Félix Faure et Hanotaux, ayant les mains libres au dedans, ont su faire tous les préparatifs convenables en vue d’appuyer Marchand et de lui fournir, quand il approcherait du but, l’appui décisif. Comme on le verra tout à l’heure, ils ne le firent point en ce qui concerne la guerre maritime. Mais peut-être qu’ils se disposaient à le faire. Un événement leur en arracha tout moyen.

En effet, dans le mois de novembre 1897, et comme Marchand approche de Fort-Desaix, un phénomène absolument imprévu du grand public, bien que préparé de longue main dans un petit monde, éclate tout à coup en France : MM. Ranc, Scheurer-Kestner et Joseph Reinach lancent la révision du procès du traître Dreyfus. L’Affaire, alors, commence, les passions se heurtent, et le Gouvernement français, hier assez fort pour dessiner une offensive contre l’Étranger, se trouve tout à coup réduit à se défendre contre l’ennemi de l’intérieur. Il lui devient très difficile de continuer sa politique russo-allemande : l’ambassade allemande