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suite du système hanotaux

l’arrivée de Marchand sur le Nil, ce gouvernement n’avait aucune solidité. Il pouvait cesser d’être, d’un moment à l’autre. Il dépendait d’un caprice parlementaire ou d’une simple saute de vent électorale.

— Qui en doutait ? demanderez-vous.

Hélas ! faut-il répondre, qui s’en doutait ?

Non, personne ne s’en doutait : les républicains de cette génération, hypnotisés par le pouvoir, ont été anesthésiés sur les conditions du pouvoir. Leurs prédécesseurs du Quatre-Septembre, compagnons des 363, avaient gardé mémoire de l’ère difficile : ils savaient combien leur office était précaire, leur situation menacée. Fils des révolutions, ils se savaient exposés aux révolutions. Un passé personnel très chargé venait leur rappeler la nature chancelante et périssable de leur fortune. Une perquisition bien menée ferait peut-être découvrir que leur paquet est toujours fait. « Est-ce ce soir que l’on m’arrête ? » demandait Rouvier au préfet de police Lozé, un jour fâcheux du Panama. Mais les nouveaux venus n’ont pas ce sentiment. Ils sont nés dans la République et n’ont jamais frôlé ni bagne ni prison ; ils ont une tendance à se croire ministres à vie. La griserie est naturelle. Tout le régime n’est funeste que parce qu’il met en jeu, contre l’intérêt du public, tout ce qui tente, grise, étourdit les particuliers. M. Lemaître l’a bien dit : au lieu de venir au secours de notre faiblesse, ce régime en sert le conseil ; il en favorise l’erreur. Sous Combes et sous Waldeck, il a