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son objet : dans sa formule expresse, qui eût immanquablement révolté le sentiment national, elle ne pouvait lui être soumise en aucun langage explicite. Rien d’important ne devait donc en être traité qu’en dehors des agents de la démocratie, en dehors du Parlement, à l’écart de la presse, alors que le principe et le jeu des institutions exigeaient le contrôle perpétuel de l’opinion du pays et, surtout, en cas d’émotion, son ferme concours…

M. Gabriel Hanotaux ne fut pas seul à éprouver cette contradiction. Lorsque, plus tard, M. Delcassé s’engagea dans une manœuvre plus conforme au sentiment national, mais qui était contraire aux intentions de son parti, les mêmes renaissantes nécessités l’obligèrent à renouveler les procédés du gouvernement personnel, à renier le principe républicain, à ne tenir aucun compte de l’opinion républicaine, enfin à subir l’ascendant des mêmes méthodes que son prédécesseur.

Un ami politique de M. Delcassé redisait volontiers pendant les dernières années :

Nous faisons de la politique monarchique sans monarchie[1].

Mais faire — non pas feindre — de la politique monarchique sans monarchie, c’est ce qui paraîtra l’impossible même à qui voit le rapport des insti-

  1. Ce mot a été dit par le Comte de *** à l’auteur de ce livre, pendant l’enterrement de Gabriel Syveton, le 10 décembre 1904, c’est-à-dire quatre mois avant l’éclat de Tanger.