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préface de la deuxième édition

diplomatie française », peut s’écrier un vétéran de l’anarchie, M. Clemenceau[1]. M. André Beaunier, archimodéré, se demande s’il va falloir opter entre « le pays et le régime »[2]. Telle est l’atmosphère, tels sont les courants de l’esprit. Le temps a mûri cette idée, loin de la flétrir : vrai signe que ses causes et ses raisons d’être ont dû subsister et s’accroître. Comme dit Sembat, c’est un « énorme point d’interrogation » « tracé sur un tableau noir », On n’en peut « détacher ses yeux ».

Je ne dis pas que ces rumeurs, même grandissantes, suffisent à me donner raison, à dissiper les objections, ni à faire fonction de preuves ; mais enfin je n’ai pas rêvé ni bombyciné au fond de l’espace vide ! Un cri public, qui ressemble parfois au gémissement national, reprend nos propositions d’il y a trois ans, qui, elles-mêmes, répétaient un mot d’Anatole Frante en 1896, interprétant une opinion de Renan, le Renan de 1870 : « Nous n’en avons pas, de politique extérieure… Nous ne pouvons pas en avoir. » Cette constance du retour du même murmure doit au moins donner à penser.

Il y a trois ans, les républicains, à qui je m’étais fait un devoir d’adresser l’objection, ont commencé par se dérober, s’excuser et se taire, Puis, l’effet naturel d’une réflexion obsédante, aiguisée peut-

  1. L’Homme libre du 16 juillet 1913.
  2. Figaro du 23 juillet 1913.