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préface de la deuxième édition

porte avec elle sa raison consciente. Le monde moderne perçoit les périls dont l’environnent, l’anonymat, l’impersonnalité, l’irresponsabilité du gouvernement collectif. On veut désormais que l’État soit une personne avec une tête et des membres, une cervelle, un cœur, des entrailles vivantes, quelqu’un enfin à qui le public puisse dire, comme autrefois : L’État, c’est vous.

Reste à désigner ce vous, ce moi, ce roi. Comme il n’y a rien de plus onéreux pour l’État que les compétitions parlementaires ou plébiscitaires armées ou non, telles que l’Union américaine est en train de les subir chez elle ou de les réprimer au Mexique, telles que nous les connaissons, avec tous leurs désastres, sous la forme la plus hypocrite et nocive, cette question se posera de savoir si l’Hérédité (en d’autres termes, le Passé et l’Histoire) en établissant la souveraineté nationale dans une famille où elle roulera et se transmettra par le sang, ne sera pas chargée d’arbitrer, une fois pour toutes, l’énervante question du qui sera chef[1] ?

  1. Le lecteur que ces calculs de vraisemblance pourraient surprendre fera bien de méditer ce qu’un prêtre catholique américain disait à l’un de nos amis :

    « La France sera mieux, agira mieux avec un Roi (France will do better with a King) — Les hommes ne sont pas faits pour se gouverner eux-mêmes, il leur faut un maître (all men want a Ruler). La République n’est pas une forme de gouvernement qui peut durer, ce n’est jamais que du provisoire ; tout pays va à la ruine avec ces changements continuels. En Amérique, nous arriverons à la Monarchie, moins vite que vous, parce que nous n’avons pas de dynas-