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l’esprit du mal

dans les écoles de l’État. L’esprit des principes directeurs et fondamentaux de l’État insurgeait les défenseurs de l’État. Devant cette révolte, moins grave en soi qu’on ne l’a pu craindre[1], mais extrêmement significative, chacun a dû poser, reconnaître et examiner la double et invincible difficulté de soumettre la République au service de la Patrie ou d’accommoder la Patrie au naturel de la République.

Elles sont deux, voilà le fait mis en lumière par le grave échec militaire qu’un simple murmure venu des camps fit essuyer au poincarisme devant la Chambre.

Preuve, et preuve par neuf, qu’il n’était pas aussi facile que l’on voulait bien s’en flatter de « prendre » aux royalistes leur programme patriotique pour en confier la réalisation à la mauvaise ouvrière qui s’appelle démocratie. Le statuaire eût été sage de calculer la dureté du marbre, la fragilité du ciseau. « Elle est le Mal », disait M. l’abbé Lantaigne en parlant de la République.

  1. C’est toutefois cette révolte qui a fait mutiler la loi de trois ans tombée à trente-deux mois et décider le renvoi de la classe de 1910, par la Chambre des députés, malgré l’objurgation des radicaux patriotes tels que M. André Lefèvre, et au grand scandale de ce bon apôtre de Clemenceau devenu nationaliste pour le simple plaisir de faire tomber des ministres : un mouvement d’indiscipline militaire sans grande importance aura été décisif dans ses répercussions politiques. Toujours l’œuvre d’institutions inertes pour le bien, mais ardentes multiplicatrices du mal !