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préface de la deuxième édition

qui le sera à son heure, et qui est dès aujourd’hui le porte-parole d’une jeunesse très républicaine, mais plus troublée encore que républicaine : M. Edmond du Mesnil, directeur du Rappel. Que s’était-il passé ? D’où venait tout ce trouble ? Tout simplement les idées de la République avaient repris un corps. En revêtant ce corps naturel et logique, en se révélant ce qu’elles étaient, sédition militaire et indiscipline civique, en faisant explosion à Toul, à Châlons, à Belfort, à Rodez, un peu partout, les idées républicaines établissaient par des actes incontestables leur incompatibilité avec l’honneur, le devoir, le drapeau, la cité. Tout ce qu’avaient prédit les politiques, les moralistes, les historiens du Droit, les psychologues sociaux et les philosophes d’État s’était réalisé sans plus, et l’opposition éclatait entre le citoyen et le soldat, entre « l’armée disciplinée, équipée scientifiquement, et une nation gouvernée démocratiquement » (Charles Benoist).

Ce n’était certes pas la première fois que des troupes se révoltaient, ni que l’Ennemi essayait de les débaucher ; mais ce n’était qu’en régime républicain que la mutinerie avait pu invoquer la Charte même du régime : la souveraineté de l’individu, l’autorité et l’insurrection du sens propre, les maximes de liberté civile, d’égalité politique, de fraternité internationale, tout ce qui se placarde, au nom du Peuple français, sur tous les murs, tout ce qui se récite, d’après la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen,