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ANTHINEA

d’une déesse. La svelte Hermès dAndros, le basrelief de Mantinée, qui supportait un ouvrage de Praxitèle et qui lui-même reste, ne serait-ce que pour la draperie des Trois muses, une délicieuse merveille, le joli groupe (exécuté d’après Céphisodote) de Platus riant à sa mère, la douce Paix, mille choses parfaites me tenaient ainsi prisonnier.

Je traversais les salles de l’art hellénistique, alexandrin ou gréco-romain pour courir aux stèles funèbres qui prolongeaient mes rêveries du Céramique ; à la collection infinie des lampes, des vases, des lécythes ; à ces Tanagrines charmantes qui serviraient à faire entendre, si on l’oubliait, ce qu’il peut tenir de grandeur en un petit poème. De toute façon, les galeries de sculpture postérieure à i’atticisme ne me servaient que de vestibule

Cependant, un jour, une envie me pressa de voir en détail comment se corrompirent, chez un peuple si bien doué, le génie et l’intelligence des arts, et ma pensée osa fixer ce qu’elle avait fui jusque-là. Je vis paraître presque sans transition, après les nobles caractères qui m’étaient devenus chers, les hideuses têtes syriennes du type de Lucius Vérus, puis les chefs lourds et massifs du rustre latin… Une sorte d’athlète, d’un travail curieux et violent, tendait sa musculature prétentieuse ; des éphèbes aux bras arrondis, des Aphro-