Page:Maurras – anthinea.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
ANTHINEA

nissent le moyen de refaire une hiérarchie dans les arts selon le degré d’humanité des ouvrages que l’on compare. Ce degré, reste à le sentir. Reste à avoir bon goût. Il n’est pas impossible, si l’on en a quelque semence, de le perfectionner. Il suffit de se mettre en présence des belles choses en les laissant venir à soi.

Aucune action n’est plus réelle. On se sent modelé par la beauté vivante, comme repris et retouché par le regard d’une amie délicate et fière. Hors de cette nature exquise, de cette sainte tradition, tout est faible, chétif et secrètement vicié. Je tourne à la hâte les pages des notes que j’ai prises dans les petites salles fraîches de ce musée de l’Acropole où l’on a placé les restes de la frise du Parthénon. Ce sont des pages qui me regardent au fond de l’âme.

Vers les plus beaux de ces fragments, les trois Divinités assises, ou les Jeunes gens aux taureaux, combien de vœux et de prières ! mais, en retour, tombant jusqu’à moi de si haut, quelle confirmation, quel conseil de volonté, de force et de vie ! La Victoire sans tête, sans ailes, et qui vole plutôt qu’elle ne court tout en renouant sa sandale, cette jeune déesse emporte sur les ondes de son vêtement déployé les plus grandes leçons de style, c’est-à-dire de mesure et d’enthousiasme. Le cœur ne sait que préférer de la vitesse impétueuse ou de la grâce naturelle, magnifiquement accordées.