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ANTHINEA

ducs d’Athènes, se montrèrent tout à coup au-dessus des arbres. Je crus voir ma patrie au fond d’une terre étrangère.

Nulle communication historique n’existe cependant entre telles têtes gothiques et l’éphèbe de l’Acropole. Un grand souci de la nature, un exercice séculaire aux délicatesses de l’art, par là une forte maîtrise, enfin cette commune gravité de l’esprit devaient suffire à engendrer une analogie si parfaite entre les deux arts. Et plus on s’en rend compte, mieux on en est touché. Mais il entre dans cette émotion un regret. On se demande quelle iniquité de la fortune a permis à cet archaïsme attique de mûrir et d’atteindre au juste degré par la naissance et l’influence du plus sublime esprit humain, au lieu que ce maître désiré, nécessaire, ce Phidias indispensable, fut refusé cruellement à notre archaïsme français.

XIII

Et voilà le plus grave des chagrins de l’Histoire ; elle institue une comparaison jalouse, elle glisse mille regrets. Cependant Phidias n’a pas été perdu pour nous, puisque sa tradition a fini par nous revenir. On ne gardait de lui qu’un nom ou des traces incertaines et inconscientes, quand