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ANTHINEA

dienne des sentiments et des pensées, est quelquefois rebelle à nous rendre précisément le trait d’un visage, même adoré. J’ai heureusement devant moi la photographie du chef-d’œuvre donnée par un Athénien. On en pardonnera l’humble aveu, rien ne vaut une bonne photographie pour rendre au juste l’impression des originaux de marbre. Présentée au rayon du jour, la feuille diaphane en devient toute lumineuse et l’on voit y filtrer, sous le trait ferme des figures, cette clarté blanche et brillante qui anime le doux paros.

Même effet, ce soir où j’écris à la lumière de ma lampe. Le jeune homme songeur, qui dut naître bien des années avant que parût Phidias, ce contemporain de la fin du VIe siècle ou des premières années du Ve ressuscite au pâle rayon. Il s’éveille, nous entendrons quelles pensées doivent rouler dans cette forme. Elles seront énergiques et éloquentes. Cet éphèbe n’est point un amant occupé de nourrir son chagrin, ni un politique mûrissant son projet, ni même un sophiste, un rhéteur ou un philosophe mathématique. On songe à l’Érasme d’Holbein, avec la pureté, la noblesse, la sainteté, qu’on ne trouve pas dans l’Érasme. En même temps que s’infléchit ce beau front sous la courbe et sous le poids sacré du plus magnifique cerveau, l’oreille, presque aussi écartée