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ANTHINEA

peine si l’on ose poser le vieux problème : les ouvriers mycéniens furent-ils des Grecs ?

La chasse au lion incrustée sur un poignard du quatrième tombeau ouvert à Mycènes est d’un mouvement admirable ; la tête du taureau étoile d’argent et d’or, trouvée au même endroit par Schliemann, est presque belle ; on ne peut en nier le grand caractère. Et, si les masques sont hideux, regardez les taureaux sauvages et les taureaux domptés qui décorent les vases de Vaphio. Pour la justesse, pour un air de grâce et de naissante liberté, pour le rayon de vie animant la forme robuste, de telles œuvres souffrent aisément la comparaison avec tous les meilleurs essais que tenta bien plus tard, au commencement du VIe siècle, l’école d’Égine. Si les vases de Vaphio sont de la fin de l’ère mycénienne, on incline à penser que sans l’invasion des Doriens, la belle saison de l’art grec se serait produite trois ou quatre siècles plus tôt.

M. Maxime Gollignon[1] ne croit pas que cette invasion ait tué brusquement la civilisation de Mycènes ; elle en aurait plutôt ralenti, appauvri et enfin tari la sève natale. Les indigènes émigrèrent ; ils coururent les îles, se fixèrent çà et là dans l’Asie mineure, dont ils colonisèrent différents points où la race grecque n’était pas

  1. Hist. de la Sculpture Grecque, 2 vol. chez Didot.