Page:Maurras – anthinea.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
ANTHINEA

lesquels les arts plastiques purent croître et décroître, fleurir, mûrir et décliner à plus d’une reprise. Non seulement, les Achéens originels durent procéder, comme toutes les races, par tâtonnements, par retours, s’instruisant à l’expérience et parfois oubliant ce qu’ils en apprenaient ; mais de plus, n’étant pas formés en corps de nation et, malgré la voie de la mer, leurs communications étant difficiles, le degré d’expérience et d’habileté dut varier aussi, des campagnes de l’Ionie à celle du Péloponèse et aux roches volcaniques de l’Archipel.

Cependant ces Grecs nouveau-nés, ces Grecs barbares ou sauvages, pleins de réminiscence asiatique et égyptienne, ces Grecs qui sont parfois dénués de figure grecque ne prêtent pas toujours à sourire ; tous leurs travaux ne m’ont pas fait songer aux antiquités du Guatemala. Leurs monstres, leurs poupées, leurs bonshommes de terre crue dont quelques-uns rappellent, au premier abord, des œuvres d’art qu’on peut admirer dans nos foires, il les faut regarder de près. Un détail de la ligne, un trait de l’imagination, une particularité du travail étonnent et retiennent par la révélation de l’exquis. On reconnaît alors le pouce ingénieux, l’ongle habile du peuple qui sera quelque jour le meilleur ouvrier de la terre ; on s’explique déjà qu’il doive devenir le plus intelligent et le plus subtil raisonneur, et c’est à