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ANTHINEA

Je ne sais à quoi peuvent servir ici le mot de petitesse et celui d’étroitesse. Encore un coup, nous ne sommes pas devant une église, mais devant un autel et un tabernacle ; il sert de musée, de trésor ou de magasin, non d’abri aux fidèles. Ceux-ci se contentent de l’entourer. Seules doivent y pénétrer des personnes choisies. Dans ce reposoir en plein air, séjour des dieux mais non oratoire des hommes, sorte de construction qui, par le fini du détail et les justes mesures de son élévation, procédait quelque peu de la statuaire, on saisit comment l’art athénien, l’art grec tout entier, développe sa plénitude. Il comble les promesses de son goût et de son génie.

Il eût pu faire un autre effort. Le Grec n’était pas incapable de bâtir un immense hangar de marbre et de donner ainsi ce que les amateurs modernes appellent une sensation de grandiose. On entrevoit à Eleusis ce qu’il a fait, par une succession d’agrandissements, en vue de recevoir des milliers de pèlerins. Un tremblement de terre a rasé le temple-colosse d’Eleusis. Mais je crois que l’âge eût suffi. Un bâtiment qui doit servir à de nombreux et pressants usages n’a pas besoin d’être une construction achevée ni inébranlable. L’immédiatement utile n’a qu’une heure, car l’utile change sans cesse et c’est à quoi ont été pipés nos Romains. Leurs constructions d’utilité économique peuvent subsister, il est rare qu’elles