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ANTHINEA

Ce qui en reste est souriant. Et l’on pourrait abattre encore ou profaner, réduire le fronton ouest au même triste état que l’oriental, broyer ou renverser les dernières colonnes, décrocher les derniers vestiges de la frise : tant qu’il subsistera seulement de quoi inférer une conception de l’ensemble, l’âme de la Vierge éponyme s’y fera sentir dans sa force.

J’ai peine à comprendre qu’on ait méconnu cette force. Des écrivains de notre siècle qui ont visité Athènes, je n’en trouve pas un qui l’ait remarquée. Lamartine, sublime aveugle, arrêté là-bas, dans la plaine, s’éprit du temple de Jupiter Olympien parce que le péristyle en est élevé, riche et ainsi digne de Balbek ; malgré les adieux au « gothique » que le Parthénon lui inspire, il en emporta des idées de faiblesse et d’exiguité. Renan a fait la même faute, et tout ce qu’il a dit et chanté de beau sur Athènes en devient assez irritant. Dans Saint-Paul, une jolie page sur l’âme grecque est empoisonnée de dédain. Il revient à plaisir sur le caractère aimable et fin, mais, ajoute-t-il, sans portée comme sans grandeur, de l’atticisme : petits plaisirs, petite poésie et petites gens. Lorsque Joseph de Maistre, faisant une revue grondeuse des dons intellectuels de la Grèce, néglige en passant d’y mentionner Aristote, le lecteur entend bien que son auteur s’amuse ; il s’amuse donc de ce jeu. L’on aimerait trouver