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ANTHINEA

c’est la première impression qui est la juste. Ces quartiers que l’on foule sont les membres du corps inanimé de l’ancienne Athènes. Tambour à tambour, tranche à tranche, au milieu des herbes flétries qui ne les ont pas recouverts, les styles couchés sur le sol font de véritables dépouilles et les mânes qui volent dans l’air au-dessus d’eux nous professent la mélancolie de tant de travaux. Seules de nobles mains, d’aristocratiques mains d’hommes libres, y avaient été employées. La volonté de Périclès avait banni l’esclave de ces entreprises publiques. Les meilleurs ont ici imprimé le meilleur d’eux-mêmes. Ce n’a pas été éternel.

Un vain sentiment de piété défend leurs restes, Il suflirait que cette piété faiblît, qu’une foi analogue à celle des iconoclastes nous fût prêchée comme on prêche en Russie la mutilation de soi-même et en Norvège la dislocation des sociétés, il suffirait qu’une série de grandes guerres ou d’autres fléaux, nous rendant attentifs à des soins plus impérieux, autorisât seulement quelque négligence : la terre avide, la mer profonde, la férocité des enfants, l’ignorance des hommes, le ciel pluvieux et torride, auraient vite fait de reprendre et de liquider ce trésor.

Il est vrai que le Parthénon, ayant vécu, n’a aucun besoin de personne et c’est nous qui avons besoin du Parthénon pour développer noire vie.