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ANTHINEA

Un autre choc me fut pourtant donné le même jour, lorsque, ayant achevé le tour de ma colonne, j’aperçus au delà d’une colonnade nouvelle la masse sombre du Parthénon.

Un long désert de pierres blanches, de marbres, de maigres buissons, courait devant le temple, par terrassement inégaux. Mais l’imagination dévorait cet espace. Le mur géant, labouré de vastes blessures, découvrait, ramassée, et concentrée en lui, une incalculable vigueur, comme un fauve puissant qui va bondir et s’imposer. En approchant mieux, on retrouve cette idée de libre élégance qui devait s’élever, à première vue, de l’édifice entier. L’effet de sa mutilation en aura mis à nu la force. Ce que nous démasquent ces ruines, c’est une énergie héroïque, dont on est tour à tour exalté et vaincu.

VII

La table du roc solitaire qui supporte le Parthénon, l’Erechteion, et, frêle cabane de marbre, le temple de la Victoire, semble tout d’abord parsemée d’une infinité d’ossements polis et brillants au soleil. On songe ensuite, tant la lumière est joyeuse, au vaste chantier d’un sculpteur. Mais