Page:Maurras – anthinea.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
ANTHINEA

traîne flotte et s’étale en manière de draperie. Ces molles terres descendantes font une ligne qui sinue avec grâce jusqu’à la mer, et sans doute elle se prolonge fort avant sous le pli des eaux. J’eus plus tard à observer du haut de l’Hymette que le pays d’Athènes traduit partout le même rythme de composition : vers la mer, rien d’abrupt ou l’âpreté reçoit des tempéraments, mais, à l’intérieur, des coupures soudaines, des précipices droits et fiers, sévères beautés un peu tristes qui attestent la main dorique de Pallas, au lieu que, sur les plages, rient et respirent les travaux ioniens de Cypris.

— Et, me disais-je, ces déesses qui se partagent la nature composent de même l’esprit. L’art attique est sorti d’une conjonction fortunée de la double influence. Il n’est point sec, Cypris y veiiie, mais il est nu, c’est la volonté de Pallas, Sans éclater ni scintiller grossièrement, il brille d’un feu chaste pour les yeux qui sont dignes d’être blessés de lui.

Un Latin disait des meilleurs écrivains de l’Attique, tels que Thucydide et ceux de son temps : « Leur style était noble, sentencieux, plein dans sa précision et, par sa précision même, un peu obscur. » Cette précision rétablit leur mystère dans sa lumière. Nul œil profane ne les pénétrera aisément…

N’être point un profane, entendre le mystère