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ANTHINEA

quand on saura comment, sur ïa même Acropole, je commis bien d’autres excès.

IV

Je n’y montai pas tout de suite bien que j’y fusse accouru dès le premier soir. Les sentiments confus qui, durant plusieurs jours interminables, me retinrent hors de l’enceinte, m’attiraient cependant, errant et fiévreux, sous l’escarpement. Des petites rues qui y mènent, je crois bien que j’ai battu les plus ignorées. Elles sont en pente assez rude, brisées de temps en temps par un escalier. On y trouve surtout des ateliers de tisserands. Devant les dévidoirs tendus d’une belle soie safranée, les femmes et les jeunes filles font des groupes assis au milieu de petites cours chichement ombragées. Je ne les regardais que pour me tirer d’inquiétude et je me replongeais dans la méditation de l’ombre lumineuse qui tenait ma vie suspendue.

Vue de l’angle nord-est, la structure de l’Acropole donne une silhouette d’une force tragique : pour correspondre à cette arête orientale, il n’y a qu’une image, l’éperon d’une grande nef. Mais, du côté sud-ouest, l’effet est tout contraire. La roche disparaît sous un manteau léger, dont la