Page:Maurras – anthinea.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
anthinéa

pointent Lipari, puis Vulcano, à la suite de la charmante Salina, mais il est vrai, moins belles et sans élévation.

La pluie cesse. Le vent fraîchit. Et ce n’est plus le vent froid et dur de Marseille ni du littoral de la Corse. À la lettre, c’est le Zéphyre. Tant de terres fleuries respirent près de nous, il en distribue le parfum. L’air éclairci, de gros nuages couvrent pourtant le paquebot et tiennent le centre du ciel, mais tout le bord circulaire de l’horizon céleste et marin semble fait d’une lame d’argent incandescent baignée d’une brume dorée. Sur ce beau cercle se profilent, comme des formes sans matière, comme d’angéliques substances, les coupes variées duStromboli, de l’îlot de Basiluzzo qui touche Panaria, de Panaria elle-même, de Salina, de Lipari et de Vulcano, imbibées, dévorées d’une avide lumière : ses dégradations insensibles et infinies, ses vaporeuses poudres d’or levées de la mer dans le ciel, nous semblent élever les abîmes du monde à la dignité de l’Esprit.

Je ne finirais point de conter le détail des magnificences d’hier. Aujourd’hui fut moins beau. Le cap Spartivento, au sud-est italien, n’a pas volé son nom. Il a jeté sur nous le nuage et le vent. Mais cela devait être. Le vieil Homère, dont je ne me sépare jamais et qui est mon pro-