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préface

protection de Pallas… La grande dignité du langage homérique faisait son impression sur ce tendre cerveau. Il en savait par cœur tous les endroits émouvants et majestueux. Il se les déclamait en riant de plaisir : « Muse, contez-moi les aventures de cet « homme prudent… »

Dessiné par Homère, son jeune univers se parait de divinités inégales, mais uniques de force, de caprice et de volupté. Ayant trouvé dans un album l’aimable figure des Grâces liées de guirlandes de fleurs, les fossettes de leurs nobles académies lui parurent le signe de sa religion.

— Soit, disait-il un peu plus tard au catéchiste, mais pourquoi pas Phœbus-Apollon ou Pallas ?

En souvenir de cet enfant et de la compagnie dans laquelle il me faisait vivre, je n’ai pu me résoudre à dépouiller l’Olympe grec de son ancien masque latin. Sans doute j’aurais dû écrire Zeus à la place de Jupiter, Poséidon au lieu de Neptune. Mais les graves Romains qui embrassèrent l’hellénisme comme le plus doux des devoirs envers la haute humanité ont fait cet amalgame des dieux de leur patrie avec les dieux dont ils appelaient la lumière. Ils ont voulu se mêler au corps de la Grèce. Nous avons mieux à faire qu’à les en écarter. Tous les grands hommes de la France ont continué ce mélange. En le quittant, il faudrait que nous les quittions. Comme la poésie, comme l’amour, la tradition est faite d’une entente délicate d’accords subtils. Un rien la trouble. Pour