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IV
préface

d’être grec, mais d’être beau. Ce n’est point parce qu’elle est grecque que nous allons à la beauté, mais parce qu’elle est belle nous courons à la Grèce. Tout en courant, prenons garde de distinguer, en Grèce et hors de Grèce, que la flamme, moins pure, eut quelquefois un moindre éclat. D’ailleurs, choisir n’est pas exclure, ni préférer sacrifier. Un enthousiasme critique est le frein de la complaisance ; une critique enthousiaste donne à la sagesse le frein dont elle a besoin, elle aussi.

Autrefois on étudiait seulement la Grèce classique, celle qui porte le péplos. Ce péplos composait, il figurait tout l’hellénisme. Ce fut le premier stade. On le dépassa. Las du péplos, Renan écrivit la phrase fameuse : « L’ennui, oui, l’ennui… » La Grèce du péplos passa pour ennuyeuse, du moins pour les esprits profondément gâtés entre lesquels Renan se rangeait avec modestie. Et ce fut le deuxième stade. Mais le troisième commença quand on s’aperçut que la Grèce a connu toute sorte de vêtements, de coiffures, de manières, d’ordres, de goûts. On ne nous parla plus d’ennui, et la Grèce devint tout à fait amusante. Avant de trouver l’essentiel et même après l’avoir trouvé, les Grecs ont cueilli tout le reste, l’artificieux, le bizarre et aussi bien le laid. Oui, le laid. Cependant de jeunes lecteurs commencent à bâiller. Quelques-uns se demandent même si rien valait le péplos du commencement. En effet, rien au monde n’est beau comme le